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La cité

La cité (3)

Entre notre cité et l’usine Suntex il y avait un terrain vague où quotidiennement venait brouter un troupeau de buffles.

Ville ou campagne ?
Ville ou campagne ?
Ville ou campagne ?

Le quartier très industriel de Chaomchao est situé dans le sud-ouest de Phnom Penh. C’est lui qui, dès 1997, accueillit les premières usines d’habillement du Cambodge. A l’heure actuelle y travaillent certainement des centaines de milliers d’ouvriers, ce qui est considérable à l’échelle du pays. Et sa population augmente sans cesse à mesure que de nouvelles usines ouvrent leurs portes. Les rizières reculent, les buffles s’approchent de moins en moins près. Seules quelques vaches bossues se réjouissent de l’avancée de la ville puisqu’elles y dénichent des ordures à l’odeur alléchante.

Extrait du livre
Des bovins en ville
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Le livre

Le livre (4)

Mais l’auteur contacté m’a dit :  » C’est à toi d’écrire ce livre, tu peux le faire.  » Après avoir pensé que je n’y parviendrais pas, sur son conseil, j’ai commencé à regrouper des réflexions et prières écrites dès 2009.

Le 4ème de couverture pourrait ressembler à cela.

Yann DEFOND vit depuis 2009 dans la plus grande cité ouvrière du Royaume du Cambodge située dans un parc industriel de la périphérie de la capitale Phnom Penh. Son choix pour la vie en tant que fils d’ouvrier et chrétien est de partager l’existence des travailleurs qui habitent ce quartier en solidarité. Il a d’ailleurs lui-même été ouvrier dans l’industrie graphique en France, son pays natal. Ce témoignage relate donc ce qu’il peut observer auprès des jeunes femmes qui cousent jour après jour bon nombre des vêtements que portent les européens. Quelques réflexions et autres notices autobiographiques agrémentent ce texte dans lequel il évite d’employer le pronom personnel sujet de la première personne du singulier pour parler de lui.

Extrait du livre
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La cité

La cité (2)

Laver son linge à la main prend beaucoup de temps. C’est principalement le dimanche que l’on accomplit cette tâche.

Etendage

Naturellement, donne-t-on de l’importance à la vie ? Cela doit passer par des choses très simples. Un beau jour il m’est devenu impossible de trouver ma voisine Khèm derrière chez moi. Nous nous rencontrions pourtant régulièrement puisque seule l’étroitesse d’une coursive sépare la façade arrière de nos studios. Comme les portes de derrière donnent l’une sur l’autre nous faisions régulièrement notre vaisselle, notre linge l’un en face de l’autre. Pourtant elle avait déménagé sans rien dire… Dans notre quotidien quels gestes ordinaires pouvons-nous adopter pour manifester aux autres la valeur qu’ils ont pour nous ?

Extrait du livre
Etendage
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Le livre

Le livre (3)

L’auteur que j’avais espéré recruter ne se voyait donc pas revenir au Cambodge pour écrire. Cependant il m’a encouragé à écrire moi-même. Sur le coup je me suis dit qu’il fallait abandonner cette idée de livre. C’était en 2010.

Il pourrait ressembler à cela

Un matin quel ne fut pas mon étonnement de voir une de mes voisines, Eang, rentrer avant 11 heures, l’heure habituelle de la pause déjeuner. « Demain je retourne dans mon district [chez mes parents]. » Elle n’était pas embauchée en CDI mais comme tous les matins elle était partie avec quelques unes de ses co-locatrices pour l’embauche à 7 heures. Elle n’a pas voulu me dire ce qui s’était passé. Pourtant son visage fermé indiquait clairement une remontrance de trop ou pire. Quand on s’indigne de la situation des ouvriers du textile dans les pays du sud on pense que c’est à cause du système, bref que personne n’est  responsable. Pourtant les inconduites personnelles rendent encore plus insupportable la vie de ces jeunes femmes. On ne leur a souvent jamais dit que leur vie avait de l’importance, de la valeur, du prix et on va parfois même jusqu’à leur dénier toute dignité. Mais pour en revenir à ce cas précis, il a bien fallu qu’Eang revienne pour travailler… Sa famille avait besoin de son salaire.

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La cité

La cité (1)

Aperçu de la plus grande cité ouvrière du Cambodge, 845 studios de plain pied.

Côté nord © Arniel IWAY 18/9/2009
Côté sud © Arniel IWAY 18/9/2009

La plus grande partie des habitants de la cité vit à peu de choses près comme dans une prison : seulement des devoirs, travail à l’usine juste derrière la muraille qui encercle nos habitats, sorties très rares faute de moyen de locomotion et d’argent si ce n’est sur le terrain vague d’en face le dimanche soir. Elle visite tout de même sa famille restée au village deux ou trois fois par an. Et elle garde toujours le sourire…

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Le livre

Le livre (2)

L’idée de départ était de trouver un auteur pour recueillir le témoignage des membres de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne de Phnom Penh. Ils travaillent presque tous à l’usine, en particulier dans le secteur de l’habillement.

Couverture

En revenant à Phnom Penh en 2009 après 4 ans d’absence, il était tentant de croire qu’après avoir pris une année pour voir, observer, écouter, nous allions pouvoir faire démarrer ou redémarrer des équipes de relecture de vie de jeunes travailleurs avec quelques intéressés comme à l’époque de ma coopération dès fin 2003. Cette démarche vécue lors de rencontres régulières permet de mieux saisir l’importance, la valeur de sa vie, de la vivre plus intensément, en en savourant chaque instant, en y étant toujours plus présent. Ainsi ceux qui jouent le jeu prennent plus de responsabilités dans leur vie, en deviennent acteurs.    Mais au bout de quelques mois il a fallu se résoudre au fait que cela était plus mon projet que le leur. Cette expérience incite à plus écouter la volonté supérieure, la volonté intérieure. C’est par elle qu’arrive le succès parce qu’elle veut le bien de tous.

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Les voisins

Les voisins (1)

2 semaines après l’installation, la crémaillère avec les voisins les plus proches. C’était la première fois que je les invitais.

Crémaillère

Pour Madeleine DELBREL, les voisins étaient des personnes extrêmement importantes puisqu’il s’agissait des plus proches. « Ce que nous cherchions, ce que je voulais, c’était la liberté de vivre au coude à coude avec les hommes et les femmes de toute la terre, avec mes voisins de temps, les années de nos mêmes calendriers et les heures de nos mêmes horloges. » Extrait du livre : *« Pourquoi s’installer aussi loin ? Et puis c’est mal famé, calme [comprendre dangereux]. » A ce propos Sophéap m’avait prévenu : « Ne parle pas trop avec les voisins, la nuit rentre ton linge et tes chaussures, achète un nouveau cadenas, un gros ! »

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Le livre

Le livre (1)

Un livre témoignage est en préparation.

Il pourrait ressembler à cela.

Yann DEFOND vit depuis 2009 dans la plus grande cité ouvrière du Royaume du Cambodge située dans un parc industriel de la périphérie de la capitale Phnom Penh. Son choix pour la vie en tant que fils d’ouvrier et chrétien est de partager l’existence des travailleurs qui habitent ce quartier en solidarité. Il a d’ailleurs lui-même été ouvrier dans l’industrie graphique en France, son pays natal. Ce témoignage relate donc ce qu’il peut observer auprès des jeunes femmes qui cousent jour après jour bon nombre des vêtements que portent les européens. Quelques réflexions et autres notices autobiographiques agrémentent ce texte dans lequel il évite humblement d’employer le pronom personnel sujet de la première personne du singulier pour parler de lui.

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L'installation

L’installation (3)

avant / après

avant / après

Les couleurs étaient vives ce qui enthousiasmait les voisins. Cependant, en même temps, ils se demandaient « A quoi cela sert-il de tout repeindre ? Il n’est pas le propriétaire et quand il partira tout reviendra à un autre. » Mais pourquoi partir ? C’est pour la vie…

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L'installation

L’installation (2)

Je ne suis pas fils de peintre en bâtiment pour rien !

Après la peinture.
Après la peinture.
Après la peinture.
Après la peinture.

A l’office personne ne trouve la clé du ក-47 (le ក [kɒ:] est la première lettre de l’alphabet khmer et désigne ici l’allée). Par chance les volets sont restés ouverts alors avec Sophéap et son amie ouvrière d’une usine d’habillement comme elle, nous regardons à l’intérieur. Quoi qu’il en soit toutes les habitations de la cité sont identiques. La saleté imprègne les murs. Qu’à cela ne tienne, mon père était peintre en bâtiment alors, refaire toute la peinture ne m’effraie guère. « Dès que vous paierez la caution nous retrouverons les clés. »

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L'installation

L’installation (1)

J’inaugure ce blog.

Le studio au jour de mon arrivée.
Le studio au jour de mon arrivée.

5 juillet 2009, retour dans cette cité ouvrière enfermée entre quatre murs, un peu comme la palissade du village d’Astérix. Une visite quatre ans plus tôt m’avait marqué : « Pour des habitations destinées à des travailleurs, c’est assez spacieux. » Nous sommes un dimanche et ce n’est sans doute pas un hasard ; sur huit cent quarante-cinq studios, un seul est disponible. Non pas deux, cinq ou dix ; un seul. « Il vous précède en Galilée » (Matthieu 28, 10). D’habitude les co-locataires se renouvellent sans cesse. Ils se relaient, ce qui a pour effet de ne jamais laisser de location libre.

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