Au contact des Cambodgiens j’apprends :
- à me réjouir de choses simples du quotidien ;
- à donner de l’importance à la rencontre, à la relation ;
- à habiter le présent, à le savourer ;
- à être plus Marie que Marthe ;
- à ne pas être trop dans l’exigence, jusqu’à en oublier l’indulgence ;
- à aller au-delà de la colère ou autre sentiment destructeur fugace ;
- à donner plus d’importance à la façon dont ce que je dis sera pris qu’à la façon dont je voudrais l’exprimer ;
- à ne pas faire de procès d’intention, à être bienveillant à l’égard de mon prochain.
Le Service de Coopération au Développement, qui avait reçu ma candidature pour le volontariat international, ne m’avait proposé qu’une seule mission : « Vous êtes graphiste ? s’était inquiétée la coordinatrice. Il ne sera pas aisé de vous trouver un poste. » Le Centre Culturel Catholique Cambodgien cherchait une personne capable de former un de ses employés à la mise en page des livres. On me proposa d’être cette personne. Cependant, arrivé en Asie du Sud-Est, ma surprise fut grande de constater que quelqu’un occupait déjà cette fonction… L’appel était probablement ailleurs. Connaissant mon parcours, le vicaire apostolique de Phnom Penh m’incita à m’intéresser à la situation des ouvriers de l’habillement qui formaient une population encore nouvelle. La fille de la famille qui m’accueillait travaillait à l’usine. Elle me fit rencontrer de nombreuses collègues pour des temps de partage sur leur vie. Finalement au bout de deux ans, cette dernière mission m’occupait à temps plein mais la durée prévue par mon contrat de volontariat était atteinte, il me fallait faire le chemin en sens inverse. Or mon sentiment était de ne pas être allé assez loin. L’expérience de tout avoir à apprendre, comme un enfant, avait été trop courte. Je n’étais pas encore un homme !
Extrait du livre