Catégories
Le livre

Le livre (3)

L’auteur que j’avais espéré recruter ne se voyait donc pas revenir au Cambodge pour écrire. Cependant il m’a encouragé à écrire moi-même. Sur le coup je me suis dit qu’il fallait abandonner cette idée de livre. C’était en 2010.

Il pourrait ressembler à cela

Un matin quel ne fut pas mon étonnement de voir une de mes voisines, Eang, rentrer avant 11 heures, l’heure habituelle de la pause déjeuner. « Demain je retourne dans mon district [chez mes parents]. » Elle n’était pas embauchée en CDI mais comme tous les matins elle était partie avec quelques unes de ses co-locatrices pour l’embauche à 7 heures. Elle n’a pas voulu me dire ce qui s’était passé. Pourtant son visage fermé indiquait clairement une remontrance de trop ou pire. Quand on s’indigne de la situation des ouvriers du textile dans les pays du sud on pense que c’est à cause du système, bref que personne n’est  responsable. Pourtant les inconduites personnelles rendent encore plus insupportable la vie de ces jeunes femmes. On ne leur a souvent jamais dit que leur vie avait de l’importance, de la valeur, du prix et on va parfois même jusqu’à leur dénier toute dignité. Mais pour en revenir à ce cas précis, il a bien fallu qu’Eang revienne pour travailler… Sa famille avait besoin de son salaire.

Extrait du livre

Par Yann D

Le choix de Yann DEFOND pour la vie en tant que fils d’ouvrier et chrétien est de partager l’existence des travailleurs qui habitent le plus grand quartier ouvrier du Cambodge en solidarité. Il a d’ailleurs lui-même travaillé en usine, dans l’industrie graphique, en France, son pays natal.
Son témoignage en cours d'écriture relate donc ce qu’il peut observer auprès des jeunes femmes qui cousent jour après jour bon nombre des vêtements que portent les européens. Quelques réflexions et autres notices autobiographiques agrémentent ce texte dans lequel il évite humblement d’employer le pronom personnel sujet de la première personne du singulier pour parler de lui.

Laisser un commentaire