J’ai donc commencé à collecter des textes éparses écrits à différents interlocuteurs. J’ai aussi, bien entendu, continué à écrire en développant ainsi le corpus. Au bout d’un ou deux an un manuscrit prenait forme. Cependant, il était composé de paragraphes disparates sans lien entre eux.
Vivre dans une cité ouvrière d’Asie du sud-est c’est entendre les pas des ouvrières sur la dalle de béton devant chez soi à heures fixes. L’arrière de leurs tongs s’use très vite car elles marchent sans les faire claquer sur le talon. Habiter ici c’est vivre au rythme des usines d’habillement même sans jamais y mettre les pieds. Cet inconvénient, qui fait une grande différence, induit la nécessité de se laisser adopter.
Extrait du livre