La préface du livre est signée du Père François PONCHAUD, prêtre franco-cambodgien des Missions Etrangères, auteur de nombreux ouvrages sur le Cambodge dont Cambodge année zéro. Julliard. 1977.
Que faire pour la transformation spirituelle, ou la transformation tout court, du Cambodge, quand on n’est ni prêtre, ni religieux, mais simplement travailleur chrétien ? Yann Defond nous aide profondément à envisager le Christ pauvre, méprisé, vivant au milieu des travailleurs et des travailleuses cambodgiennes. Il invite toute personne à devenir un être digne, libre, fils et fille de Dieu. Yann ne prêche pas, mais vit avec, employé lui-même dans divers métiers, mais en symbiose avec ceux qui l’embauchent ou ceux qu’il embauche. Depuis que je l’ai reçu au Cambodge, en 2003, l’auteur de ce livre a beaucoup analysé la société et la mentalité khmères, et a découvert une partie de ce qui l’enferme : la domination du pouvoir quel qu’il soit, la peur, la soumission aux traditions, aux Anciens, au qu’en-dira-t-on, au mensonge, à la corruption, à la censure… Dans cette société fondamentalement injuste, les forts, les puissants ont toujours raison, les pauvres ont toujours tort. Yann nous rappelle que nous ne sommes pas au service des gens de pouvoir, mais bien de la dignité des hommes et des femmes que nous sommes. C’est une libération encore plus intime et plus profonde que celles de la répression des décennies précédentes, car elle touche le coeur des êtres. Rien dans la formation intellectuelle ou spirituelle passée n’a préparé une telle révolution des esprits et des coeurs.
Extrait du livre
La lecture de cette ouvrage est rafraîchissante : elle nous aide à voir avec un autre regard ce monde des cités, cette exploitation des pauvres sans recours. Yann aurait pu crier, élever la voix contre tel ou tel dirigeant d’usine, ou dirigeant politique, mais il as préféré une analyse froide, non dépourvue de critiques cinglantes contre les autorités, et contre les pays qui profitent de l’exploitation des pauvres et des injustices sur le plan international.
Yann rejoint par ce livre cette immense aspiration à la justice poussée par le monde des pauvres. Un peu partout, à travers le monde, les libérateurs ont imposé une indépendance politique, le plus souvent au profit d’un petit nombre de gens placés aux postes de commande. La révolution mondiale aura lieu quand tout le monde sentira que le fruit du travail est pour tous et que nous sommes au service des uns des autres.
On se sent honteux de vivre en dehors de la société des pauvres. La Bonne nouvelle n’a jamais été une idéologie, mais avant tout une expérience vécue et une conviction intérieure qui transforme le monde. Yann nous détache de toute forme d’adhésion au Christ éthéré, et nous tourne vers un Christ vivant, humble, travaillant et souffrant, loin de cette Eglise parfois si lointaine… « Le Christ est venu vivre au milieu de nous pour nous montrer de façon radicale l’amour de Dieu pour les petits. »