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Les voisins

« Le célibat non consacré n’a aucun intérêt ! »

C’est ce que m’a lancé un fidèle laïc catholique le jour de la saint Valentin. Au début, comme cela arrive souvent dans ce genre de situation, il m’appelait លោកពុក, père. Une dame de ma paroisse lui a fait remarquer qu’on s’adressait généralement à moi en employant l’appellatif បងប្រុស, frère aîné (terme respectueux), et que j’étais célibataire. C’est alors qu’il a eu cette réflexion pleine de franchise.

Bien souvent, lorsque je suis amené à expliquer que je fais le choix du célibat, on me répond « marie-toi » ou bien « je ne te crois pas.» C’est vexant mais je ne me formalise pas. Certes, mon choix va à l’encontre de la loi naturelle. Cependant si je portais une toge de bonze, me formulerait-on ce genre réponse ? Mon mode de vie étonne parce qu’il est hors des cadres habituels, notamment hors de ceux de l’Église.

Les schémas sociaux-culturels locaux invitent à remercier ses parents, à leur rembourser sa dette envers eux, en ayant des enfants ou en prenant le froc. À propos de mon choix du célibat, on me demande parfois : « Et qu’en disent tes parents ? » Je suis un ingrat. Lors de mon temps de coopération alors que j’étais séminariste, une paroissienne m’a recommandé de procréer avant qu’il soit trop tard : avant mon ordination.

Jésus a dit : « Il y a des gens qui ne se marient pas, parce qu’ils ne peuvent pas le faire : pour certains c’est depuis leur naissance. D’autres, c’est parce qu’on les a empêchés de le faire en les rendant eunuques. Et il y a des gens qui ne se marient pas à cause du Royaume des cieux. » (Matthieu 19:11-12). Pendant longtemps, j’ai cru choisir le célibat à cause du Royaume des cieux. Aujourd’hui, je crois faire partie de ceux qui ne peuvent pas se marier. D’un point de vue purement formel, bien évidemment, je pourrais me marier. Mais du point de vue du bonheur à construire dans le mariage, je ne pense pas en être capable. Je m’épanouis pleinement dans le célibat. Or je remercie l’église de faire la proposition du célibat. Grâce à elle j’ai trouvé ma place. Et je tente de mettre mon état de vie au profit de l’annonce de l’Évangile. Marié ou célibataire, l’important est d’avoir une vie féconde comme  un sarment de vigne qui porte beaucoup de fruit (cf Jean 15, 5). 

Par Yann D

Le choix de Yann DEFOND pour la vie en tant que fils d’ouvrier et chrétien est de partager l’existence des travailleurs qui habitent le plus grand quartier ouvrier du Cambodge en solidarité. Il a d’ailleurs lui-même travaillé en usine, dans l’industrie graphique, en France, son pays natal.
Son témoignage en cours d'écriture relate donc ce qu’il peut observer auprès des jeunes femmes qui cousent jour après jour bon nombre des vêtements que portent les européens. Quelques réflexions et autres notices autobiographiques agrémentent ce texte dans lequel il évite humblement d’employer le pronom personnel sujet de la première personne du singulier pour parler de lui.

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