Article écrit pour CIJOC Online numéro 2 en 2011.
Les conditions de travail des ouvriers de l’habillement, on le sait, sont très difficiles. Trop souvent leur dignité de fils de Dieu est bafouée. Dans un mode globalisé, s’installe une concurrence non-régulée et malsaine entre pays pauvres dans bien des domaines, c’est à qui donnera les salaires les plus bas, le moins de liberté syndicale et les conditions de travail les plus dures.
Ainsi, même si l’industrie de la confection apporte tout de même 370.000 emplois au Cambodge (14.000.000 d’hab.), le prix à payer est cher… Devant les machines à coudre on met de préférence des jeunes femmes qui forment un personnel malléable. Les congés payés sont quasiment inexistants. Les congés maternité n’existent pas du tout et le tôt de fausses couches chez les ouvrières de l’habillement est consternant.
Les salaires sont extrêmement bas : le minimum garanti est équivalant à 47 €/mois. Pour cette raison les conditions de vie sont pénibles comme en témoigne Tey : » J’ai dû emprunter 20.000 riels (3,5 €) pour acheter une simple paire de chaussures… » Ainsi un éditorialiste a pu écrire : » les emplois dans l’industrie textile au Cambodge ne sont pas un ascenseur permettant de sortir de la pauvreté. Peu d’entre elles ont l’opportunité d’évoluer dans leur carrière, que ce soit dans l’industrie du vêtement ou à l’extérieur. » Ceux qui ont des enfants, ne peuvent pas payer la crèche ou une nourrisse pour les faire garder et doivent choisir entre enfants ou travail. Et puis les contrats à durée déterminée sont de plus en plus nombreux ce qui les privent les travailleurs de leurs droits les plus élémentaires.
Il existe quelques usines modèles mais ailleurs les heures supplémentaires au delà du maximum légal sont parfois quotidiennes. Le travail forcé est une pratique qui existe aussi. Il n’est pas rare de voir des ouvriers travailler plusieurs semaines d’affilé sans un seul jour de repos. Et puis on ne compte plus les insultes et les menaces proférées.
Enfin les répercutions sur la santé sont importantes à cause de la mal-nutrition, des mauvaises conditions de logement, de la promiscuité, de l’absence d’assurance maladie (mais cela commence à venir), des produits chimiques employés pour les textiles, du manque d’aération dans les usines etc. Tous les jours dans le royaume un nombre impressionnant d’ouvrières s’évanouit au travail. Les anémies et maladies à répétition sont très fréquentes. Dans les quartiers ouvriers, la première cause de consultation d’un médecin chez les femmes est l’irrégularité, voir même l’arrêt, des menstruations…
Depuis le début des années 2000, avec ses faibles moyens, la JOC tente d’être vecteur de l’Espérance auprès de cette population. La liberté d’expression est limitée et les jeunes travailleurs catholiques sont très peu nombreux. Mais ils sont soutenus par les autres jocistes asiatiques. Sothéa et Youri qui participèrent à la rencontre des responsables des JOC d’Asie en septembre 2011 sont à présent des meneurs qui ont le soucis des autres. Dans une autre mesure, Salat qui avait vécu la rencontre de Séoul en 2006 est aussi là pour encourager les équipes naissantes.
Comme le rappela l’évêque de Phnom Penh lors du premier festival des travailleurs (Photos sur Picasa : FestivalDesTravailleurs2011) organisé par le comité vie ouvrière, l’essentiel est de faire découvrir la dignité et la valeur inestimable, mais souvent niée, de chaque vie : » un jeune travailleur vaut plus que tout l’or du monde. «
Pour cela, petit à petit, des équipes de révision de vie encore fragiles se mettent en place. Un festival des travailleurs devrait être organisé régulièrement comme célébration d’un cheminement avec le Christ pour certains, d’un parcours de réflexion et d’actions autour d’un thème d’année pour tous. Les temps purement conviviaux ne sont pas oubliés avec des sorties à des occasion comme celle de la fête des eaux !
Traduction de l’article