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Les voisins

Les voisins (5)

Quelques ouvriers ont des enfants. Comme leur salaire ne leur permet pas de faire garder leur progéniture pendant qu’ils sont à l’usine, ils les confient le plus souvent à leurs parents. Seul un très petit nombre de travailleurs habitant la cité vit avec ses enfants.

Pelleteuse

Les salaires sont extrêmement bas : le minimum garanti équivaut à 160 € par mois soit moins que le minimum vital. Pour cette raison les conditions de vie sont pénibles comme en témoigne Sophéap : « J’ai dû emprunter 20.000 riels [4 €] pour acheter une simple paire de chaussures…» Ainsi l’éditorialiste du Phnom Penh Post Ken SILVERSTEIN a pu écrire : « Les emplois dans l’industrie textile au Cambodge ne sont pas un ascenseur permettant de sortir de la pauvreté. Peu d’entre elles ont l’opportunité d’évoluer dans leur carrière, que ce soit dans l’industrie du vêtement ou à l’extérieur. » A part dans l’infime minorité d’usines qui offrent un service de garderie, ceux qui ont des enfants ne peuvent pas payer de crèche ou de nourrice pour les faire garder et doivent choisir entre enfants et travail. Et puis les Contrats à Durée Déterminée sont de plus en plus nombreux ce qui prive les travailleurs de leurs droits les plus élémentaires.

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Les voisins

Les voisins (4)

La cité est régulièrement inondée durant la mousson. Les studios sont construits de plain pied et régulièrement en saison des pluies nous sommes inondés parce que les canalisations sont obstruées par les ordures. Cependant les voisins gardent le sourire.

Pendant la mousson nous sommes inondés de plusieurs centimètres cinq ou six fois durant quelques heures. Dans ces cas-là le bon esprit de mes voisins m’étonne toujours. Loin de se plaindre, surtout qu’ils sont presque une dizaine de personnes dans les logements contigus au mien, ils rient de la situation en déménageant toutes leurs affaires en haut.

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Inondation
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Les voisins (3)

Les averses sont autant d’occasions de se rafraichir.

L’altérité est inscrite au plus profond de l’humain, jusque dans son corps. Sauf cas rares, nous sommes hommes ou femmes. Selon les cultures ce rapport est vécu différemment. Malheureusement l’homme est maître dans l’art de transformer différences en inégalités. Dans la culture khmère, bien qu’inégalitaires, les relations entre hommes et femmes sont intéressantes. Les règles du jeu sont clairement établies. Du coup, du moment où l’on ne va pas au delà des garde-fous, on est plus libre. Dans un contexte ordinaire, une femme peut dire à un homme qu’il lui plaît sans risque. Alors que dans la culture latine, un tel aveu est difficile à gérer car étant donné que les limites ne sont pas claires on est toujours dans des sous-entendus.

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Les voisins

Les voisins (2)

Avant d’entrer dans son studio, une habitation, un lieu de culte ou autre, on quitte ses chaussures.

Tongs

Le soir venu le voilà qui débarque avec un de ses hommes armé d’un AK47 hérité des soviétiques qui entra chez moi sans quitter ses chaussures, ce qui est inconvenant. Et l’agent de police en civil de la cité lui fit son rapport en utilisant, pour parler de moi, un pronom particulièrement irrespectueux. A l’intérieur la fureur bouillait en moi à cause de leur méthode d’intimidation mais comme ces gens-là ont tous les pouvoirs il ne fallait rien laisser paraître.

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Les voisins (1)

2 semaines après l’installation, la crémaillère avec les voisins les plus proches. C’était la première fois que je les invitais.

Crémaillère

Pour Madeleine DELBREL, les voisins étaient des personnes extrêmement importantes puisqu’il s’agissait des plus proches. « Ce que nous cherchions, ce que je voulais, c’était la liberté de vivre au coude à coude avec les hommes et les femmes de toute la terre, avec mes voisins de temps, les années de nos mêmes calendriers et les heures de nos mêmes horloges. » Extrait du livre : *« Pourquoi s’installer aussi loin ? Et puis c’est mal famé, calme [comprendre dangereux]. » A ce propos Sophéap m’avait prévenu : « Ne parle pas trop avec les voisins, la nuit rentre ton linge et tes chaussures, achète un nouveau cadenas, un gros ! »

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